Le brume matinale recouvrait encore les sentiers de la forêt enneigée, lorsqu'une ombre silencieuse pénétra dans les sous bois. Le vent était léger et transportait avec lui les odeurs environnantes. L'ombre se stoppa alors nette, humant l'air avec prudence comme si celui-ci pouvait lui annoncer l'arrivée d'un danger imminent. Mais aujourd'hui ce n'était pas le cas, bien au contraire. Le vent avait charrié avec lui une odeur bien connue et qui avait le don de faire saliver bon nombre de prédateurs. L'ombre fit un pas en avant comme pour être certaine de ne pas se tromper. Oui, elle avait bien raison, il s'agissait bien de l'odeur d'un troupeau de daims.

Un sourire de glissa sur les lèvres de la jeune louve au pelage noire ébène. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait un tel festin. Les grands animaux se faisaient rares depuis le début de l'hiver et attraper une proie plus grosse qu'un lapin devenait presque impossible pour les solitaires.

La louve dénommée Némésis, se mit alors en quête du troupeau. L'odeur était légère et laissait présager que la harde se trouvait à plusieurs lieux d'ici. Mais ce n'était pas pour décourager la louve qui sentait déjà l’excitation de la chasse monter en elle. La traque serait longue, mais le récompense n'en serait que plus méritante si la louve arrivait à ses fins.

Némésis remonta la piste petit à petit. Se fiant tout d'abord à l'odeur, puis aux empruntes laissées au sol par le troupeau. Les bêtes étaient passées à l'orée de la forêt en fin d’après midi avant de rejoindre des terres plus sûres pour y passer la nuit.

Némésis arriva à son tour à la lisière de la foret. C'était à cet endroit que s’arrêtaient les terres neutres et que commençait le territoire des hurricanes. La louve fronça les sourcils agacée de voir son repas prendre le large. Si elle pénétrait sur le territoire des hurricanes, elle n'en reviendrait peut être pas. Pourtant, la faim qui lui tiraillait les entrailles la poussait à courir ce risque ...

La louve hésita encore quelques instants avant de s'élancer en avant. Priant sa bonne étoile de ne pas faire de mauvaises rencontres aujourd'hui. Pénétrer un territoire ennemi était une chose, mais chasser sur les terres des autres était un crime bien plus terrible surtout en plein hiver. Némésis continua sa traque jusqu'en milieu de journée. Les empruntes étaient maintenant fraiches et lui indiquait que le troupeau n'était maintenant plus bien loin.

Sa chasse l'avait conduite au cœur du territoire hurricanes aux abords d'une petite source. Peu à peu ses craintes d'être découverte pour les loups de la meute s'étaient estompées pour faire place à l’excitation de la chasse. Assoiffée la louve noire s'approcha silencieusement de la source et commença à se désaltérer.