C'était un soir d'automne, le vent glacial s'était déjà levé et deux jeunes loups avaient pris place à l'orée des bois, non loin des montagnes. Perchés sur ce petit promontoire, le mâle observait les alentours, soucieux, attendant que sa compagne mette bas. Lui, c'était un solitaire, tout comme sa bien aimée. Ils n'avaient fuit aucun clan et ne descendaient que d'une lignée de solitaires. Son nom était Felco et sa femelle se faisait appeler Lyraa. Son ventre plein tira. Poussant alors un cri à la fois de surprise et de douleur, Lyraa indiqua à son compagnon que les petits ne tarderaient pas à arriver. L'aidant de son mieux, le mâle soulagea sa compagne qui prit un temps indéchiffrable à mettre ses petits au monde. Malheureusement pour eux, la portée avait épuisé les dernières forces de la jeune mère qui sans dire un mot poussa son dernier souffle. Felco se rendit compte de la mort de sa compagne, que lorsqu'il compris que le dernier loup de la portée ne franchirait pas l'obstacle. Ils n'étaient que trois. Une femelle et deux mâles, sans mère et sans nourriture à portée de pattes.

Felco était bien décidé à les ramener dans leur tanière, cependant, sa compagne avait décidé de mettre bas dans l'un des lieux le plus éloigné mais le plus agréable qu'elle n'avait connu. Ne pouvant pas porter toutes ses progénitures à la fois, Felco décida de faire plusieurs voyages. Il prit l'unique femelle par le cou tout en cachant les deux derniers dans un coin sûr et transporta la jeune louve dans sa tanière. Le chemin fut long et turbulent. Lorsque la jeune femelle fut déposée au creux de la tanière, Felco rebroussa chemin. A son grand désespoir, ses fils n'étaient plus en vie. Du moins l'un d'eux. Un des deux louveteau s'étendait sur le sol, inerte ... L'autre n'était plus présent, son odeur était mêlée à celle d'un autre loup ou d'un autre prédateur mais il ignorait ce qu'il lui était arrivé.

Les yeux fermés, le louveteau sentait sa peau tirer au niveau de son coup. Il sentait les crocs de son aîné, ignorant entièrement son identité, incapable d'ouvrir les yeux ou même de sentir son odeur. Il couinait, son ventre vide criait famine et ses muscles inexistants lui donnait un avant gout de la mort. Comme s'il était paralysé ... A sa grande surprise, il ne rejoint pas une tanière, son aîné le déposa sur un sol glacial, différent de celui du bois. Autour de lui des bruits se faisaient entendre de partout, il était incapable de déchirer leur langage ou leur signification mais il savait qu'il était désormais en sécurité.

Quatre lunes se sont écroulées, Sangha a reçu son nom d'une jeune louve qui pour lui ressemble plus à une mère qu'à une garde mousse. Il sait que ses parents n'étaient pas des Heavens et qu'il doit sa vie à un chasse proie l'ayant repéré lors d'une de ses patrouilles. Il disait avoir entendu ses gisements et qu'il l'avait trouvé seul, aux côtés de son frère qui avait périt.