Une histoire commence bien par une naissance, non ? Eh bien nous allons encore aller plus loin: connaître un bout de l’histoire avant le plus beau jour de la vie pour une louve. Cette dernière vivait chez les Heavens. C’était une gardienne au grand cœur. Elle était toujours là pour n’importe qui. Elle passait ses journées à s’occuper d’adorables louveteaux. Cette louve avait le même physique que Wilfa. Mais en plus élégante. Quelque chose de plus radieux. Elle était appréciée par tout le monde. Une personnalité unique qui n’a su faire qu’une bouchée pour s’emparer d’un mâle au pelage noir. On savait peu de chose sur lui. C’était … Un coup de vent passé dans la meute. On savait juste qu’il avait tout pour plaire. Il s’avait charmé les femelles. Et il a su conquérir le cœur de Galadriel, future mère de Wilfa. Entre eux, c’était le grand amour. Elle y croyait et lui aussi. Jusqu’au jour où le premier drame vint poignarder le cœur de la jeune louve. Apprenant qu’elle était l’heureuse élue d’une portée de ce beau mâle, elle n’attendit pas une minute de plus pour aller lui annoncer. Mais à sa grande surprise, il avait presque rien ressentit. Comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Galadriel avait l’air joyeuse et le montrait avec insistance. Lui, c’était une histoire. C’est comme s’il s’inquiétait. Comme s’il craignait quelque chose. Mais quoi. Sans se poser mille et une questions, la lune se dressait dans le ciel sombre. C’était l’heure d’aller dormir dans la tanière, bien au chaud. Cette nuit-là, le mâle n’attendit pas plus longtemps avant de fuir. Oui, il a fui tel un cerf se faisant pourchasser par son prédateur. C’était un lâche. Et ça le restera toujours. Le temps a passé et les recherches se sont accumulées. Elle le cherchait désespérément pour pouvoir avoir la chance, un jour, d’avoir elle aussi une famille. Une mère, un père et des enfants. Mais en vain. Il ne reviendra pas. La grossesse continuait de se développer, rendant tout de même Galadriel heureuse. Elle était fière d’elle et n’attendait qu’une chose: pouvoir enfin s’occuper de ses futurs museaux qui verront le jour dans peu de temps. Encore une louve heureuse de pouvoir élever ses enfants, même s’ils ne connaitront jamais le père.

Puis le jour J arriva. Le temps a passé vite à ses yeux. Elle ne s’y attendait pas du tout. Vraiment. Elle mit alors au monde trois louveteaux. Fenrir, un mâle au pelage marron foncé avec quelques reflets noirs, Velkann, un autre petit mâle au pelage un peu plus clair que son frère, et Wilfa, une petite puce qui avait le portrait craché de sa mère. Ils avaient vu le jour au début printemps. Une magnifique saison, sans craindre le froid et le temps glacial de l’hiver qui risque de mettre la vie des petits en danger. Quelques temps après la naissance, ils purent enfin sortir de leur petit nid pour découvrir le monde extérieur. Ils ont été émerveillés par ce qu’il voyait. Par ce que Dame Nature leur donnait. Leur offrait. Ils avaient les yeux qui brillaient. Et, comme tous louveteaux, ils se mirent à jouer entre eux. Ce fut, certainement, un des plus beaux jours de la jeune mère après la naissance. Voir ses propres enfants s’amuser, rire, sourire et courir gardant la tête pleine de bonheur. Mais plus le temps passait, plus ils grandissaient et ils voulaient bien savoir où était leur père. Pourquoi n’était-t’il pas à la maison, comme les autres. Ne sachant que dire, elle garda le silence. Puis, un soir d’été, Galadriel en profitait pour observer le ciel sombre accompagné de multiples petites lumières qui brillaient seule, devant l’entrée de son coin familial: sa tanière. À l’intérieur, Fenrir, Velkann et Wilfa dormaient paisiblement. Enfin … Presque tous. Wilfa peinait à s’endormir. Elle était réveillée depuis un bon moment, déjà, mais faisait semblant de dormir dès que sa mère s’approchait de la portée. Décidée, elle se redressa et regarda sa mère qui était de dos. Elle était là. Assise, dehors. Seule. Réfléchissant. Rêvant. Puis il eut une autre louve de la meute. La petite ne put que voir ses pattes et non le reste de son corps. Puis, s’est en redressant ses petites oreilles rondes, qu’elle entendit par curiosité la discussion entre les deux louves. L’inconnue disait avoir croisé, il n’y a pas si longtemps de là, le père. Enfin … En quelque sorte. C’était plutôt adressé à l’autre louve avec qui il a aussi eu un fils. Et il avait aussi fui. Loin. Galadriel ne s’en préoccupa pas plus longtemps, même si elle ressentait quelque chose envers lui. L’inconnu enchaîna avec le prénom de la mère et du fils. Esmée et Zaak. Wilfa n’avait que sept mois lorsque ce prénom se grava à jamais dans sa mémoire. Zaak. La nuit s’acheva ainsi, restant sur les questions et les doutes. Le lendemain, Wilfa avait préféré gardé le silence et ne rien dire à personne. C’est son secret.

Voilà que nos petits eurent en ce jour une année. Avec un peu de retard, c’était aussi le grand jour pour aller chasser. Fenrir était impatient. Lui, c’était le plus fort de la portée. C’était comme le grand frère. Il était toujours là pour son frère, sa sœur ou encore sa mère. Velkann c’était un timide. Il n’osait presque rien faire mais quand il se déchaînait, c’était un vrai fou. Wilfa elle, s’était la petite fille légèrement rebelle qui aime courir et rire avec son côté un peu fou. Galadriel les emmena donc à la plaine enneigée. Il y avait une masse de neige qui s’étendait à perte de vue. Selon la mère, ils étaient jeunes donc ils n’auraient certainement aucune grosse difficulté à chasser. Puis, après une bonne demi-heure de marche à travers cette plaine, ils repérèrent tous les quatre un petit troupeau de daims. Ou de biche. Peu importe, il y avait de quoi manger. Gentiment, la mère leur demanda d’attendre ici et d’observer. Puis ce fut la charge. Elle s’élança dans un galop sans peine, droit vers le petit troupeau. Elle était courageuse et avait l’espoir qu’un jour ses petits devinrent de grands chasseurs pour sa meute. Pour la meute. Malheureusement, elle ne prit pas en compte qu’un cerf peut charger à tout moment pour protéger son troupeau. Et c’est ce qu’il se passa, sous les yeux de Fenrir, Velkann et Wilfa. La mère fut violemment touchée sur le flanc droit par les cornes du cerf. Le dominant. Le puissant. Le choc fut tellement fort qu’on entendit le bruit de la collision. Un bruit froid et sanglant. Figées, les jeunes loups ne savaient pas comment réagir. Ils observaient tous les trois leur mère allongée sur le sol, tentant de se relever avec peine à cause de la bête qui continuait de la blesser dans tous les côtés. Fenrir, frère dominant de la portée, s’élança à son tour pour la première fois. Mais en aucun cas il voulait chasser. Il voulait éloigner le troupeau loin de leur pauvre mère. Loin de tout. Et aussitôt dit, aussitôt fait. Les proies partirent au quart de tour, s’enfonçant dans les horizons neigeux. Velkann et Wilfa suivirent le mouvement. Et ce fut certainement l’image la plus horrible qu’ils aient vu de leur mère. Elle était à leur patte, allongée sur le sol comme une vulnérable poupée de chiffon. Fenrir tentait de garder ses larmes. Quant à Velkann et Wilfa, ils pleuraient tous les deux. Les larmes coulaient le long de leur museau avant de s’écraser dans la neige. À plusieurs reprises, la jeune femelle accusait leur père. Elle disait que s’il serait encore là, près d’eux, ça n’aurait jamais arrivé. Elle avoua même ce qu’elle avait entendu l’autre soir. Ce qu’il s’est passé il y a cinq mois, maintenant. Fenrir restait têtu et disait que ce n’était pas vrai. Que c’était des mensonges car leur père était mort. Mais Wilfa insistait. Elle répondait avec fermeté que c’était la faute de cette certaine Esmée et de ce fameux Zaak. Ils devenaient tous fous. Ils se criaient les uns sur les autres. Puis il eut des loups. Des autres loups. Mais ils n’avaient pas l’air sympathique du tout. Ils avaient la rage dans le regard. Ils ne savaient pas d’où ils pouvaient bien sortir. Mais ils étaient puissants, forts et enragés pour une raison mystérieuse. Ce n’était même plus de la tristesse qu’ils avaient mais de la peur. Fenrir ordonna alors de partir et de rentrer au camp. Mais Wilfa n’en fut qu’à sa tête et décida de rester pour le bien de leur mère. « Maman n’aurait jamais voulu ça ! » cessa-t’elle de dire. Ce fut un passage qui s’est très vite passé. Elle a simplement vu ses frères partir au grand galop. Elle, prise de panique, partit aussi mais dans une direction opposée. Jusqu’à ce qu’elle se perde pour de bon, dans la nature sauvage. Elle ne savait ni chasser, ni comment faire les petites choses qu’il fallait pour survivre. Plus le temps avançait, plus le « côté sombre » de cette petite louve joyeuse prenait le dessus. Elle n’en n’avait plus rien à faire du passé. De ses frères. De sa propre mère. C’était du passé et elle ne retournera plus jamais dessus. Elle perdait goût à tout. Elle changeait petit à petit jusqu’à ne plus être la même. Jusqu’à être une peste. Et une vraie. Quelques temps après, elle intégra le clan des Nightmares. Une meute qui aime les combats. Le sang. Tout comme elle. C’était là sa place. Malgré tous ses évènements, elle garda en tête le nom de son demi-frère, en quelque sorte. Elle ne l’avait jamais vu. Ni connu. Mais ça ne va pas tarder. Zaak. Son nom résonne encore dans sa tête. Depuis ce jour, le retrouver est comme une mission qui viendra jusqu’à elle. Elle ne le cherche pas. Elle attend sagement que le hasard les fasse se rencontrer et pourra enfin dire ce qu’elle pense à cette petite larve. C’est ainsi que l’histoire d’une chieuse se termine. Son but ? Retrouver son demi-frère et voir à quoi il ressemble. Wilfa a déjà été une petite fille timide, joueuse et drôle. Mais c’est l’ancienne Wilfa. La nouvelle est un monstre assoiffée de vengeance. Et elle n’hésite plus à donner ses coups. À vos risques et périls.