Jamais je n’aurais pensé devoir accomplir cet acte. Non, je n’avais pas rejoins les méandre du mal pour simplement venger ma soeur, même si l’idée était ravissante. Le simple fait que je m’éloigne de mon clan, dont je ne me souviens pas le moins du monde, était le signe qui prouvait l'existence du côté maléfique de chacun. Je ne vais pas m’en plaindre en tout cas.
Il est vrai que j’apprécie tout particulièrement l’odeur du sang coulant entre les sillions de mes griffes, la couleur rougeâtre qui s’étale sur la neige en pleine période d’hiver; et je ne vous parle pas du plaisir de pouvoir égorger d’un coup de patte n’importe quel animal se trouvant sur mon chemin.
Peut être était-ce cet avide envie d’hémoglobine qui m’a poussé à m’éloigner de ma famille. Peut être est-ce eux qui m’ont chassé. Tout ça n’a pas vraiment d’importance en soi. Tout ce qui compte est le sang de ma soeur. Celui qui à justement coulé sur l’herbe verte de la prairie en ce plein mois de Mai.
Son meurtre était regrettable, voir pathétique sur certains points. Cette chère louve avec laquelle j’ai passé la plupart de mon enfance, bien qu’affublé d’un désir non partagé de faire le bien, et de chasser le mal, m’a tout appris. Chaque technique de combat, chaque technique de furtivité, chaque envie impitoyable de ne pas laisser en vie sa proie provient de ma frangine. Ce ne lui à pas réussi, surtout quand vous voyez l’état dans lequel elle était.
Cette enfance passé à prouver aux autres que j’étais capable des pires atrocités s’est révélée être un calvaire grandissant au fur et à mesure que je vieillisais. Ma soeur, qui ne me soutenait déjà que très peu, arrêtait de remplir son devoir de maître pour ce consacrer admirable à sa vie de louve adulte et sure d’elle.
J’ai toujours dit que c’est cette envie de vouloir assumer sa pleine conscience qui l’a perdue. Elle ne se serait jamais doutée que batifoler avec ce loup courait inévitablement à sa perte. Je n’ai à aucun moment eu confiance en ce type. Et quand bien même je n’étais pas prédisposé à avoir une quelconque fraternité, il faut bien avouer que certains comportements sont obligatoires.
Quel dommage que la nature nous oblige à faire de nous des tueurs. Surtout si la bonne volonté, certes rare, y était.
Oui, c’était presque triste de voir ma soeur pleurer devant le cadavre de son cher et tendre. Gisant sur le sol dans un état à peine reconnaissable, ma soeur affichait une expression faciale tellement reconnaissable que j’aurais pu voir le diable en elle. Jamais elle n’aurait pu imaginer que la seul marque de dent présente sur la fourrure du mort était la mienne.
Elle décéda quelques temps après.

Mais à quoi cela sert-il de ressasser son passé quand on se dirige vers le territoire de la meute la plus meurtrière de l’histoire ?
A s’expier de ses péchés ? Non. Pas pour moi.
Je ressassais chaque souvenir dans ma tête, rien que pour avoir la simple satisfaction d’expliquer ma venue chez les Nightmares. Il est vrai que le meurtre du Don Juan était optionnel, mais prouvait en quoi la soif de sang et l’agressivité grimpait de façon exponentielle chez moi.
C’est une qualité chez un Nightmare.

Fort de mon expérience je n'éprouve en rien le désir de se presser. La rencontre avec un des fers de lance de la meute devrait de toute façon être décisif sur mon destin. Je savais que je n’allais pas rester longtemps dans l’incertitude de me retrouver seul. La loi primant dans la vie, même chez les Nightmares, c’est de ne pas être seul. Seul, on ne survit pas longtemps.

Finalement, quoi de mieux que de rejoindre cette meute aux moeurs plus que critiquable ?

Rien. Elle est parfaite, surtout pour un meurtrier. Surtout pour celui qui assassina sa soeur de sang froid.