Lorsque Lyanna a ouvert les yeux pour la première fois, ses frères et sœurs étaient déjà bien plus vifs qu’elle. Dernière d’une portée de quatre loups, la seule femelle, la seule au pelage noir. Plus faible que ses aînés, Lyanna n’arrivait jamais à jouer avec eux, ils étaient bien trop vifs, bien trop forts. «
Elle ne survivra pas. » disait son père. «
Laisse-lui une chance. », intimait sa mère. Et elle restait assise, observant ses frères avec envie. Le jour de la première chasse, le plus grands de ses frères, Lucky, ramena un faisan, bien dodu. Il la nargua, gonflant le poitrail. «
Ahah, essaie d’attraper un truc pareil Lya ! ». Elle baissait le museau. Le second, Yensid (lisez-le à l’envers, vous comprendrez
), rapporta un lapin. Tout aussi fier que son aîné il déposa sa proie aux pattes de sa jeune sœur. «
ça, c’est un truc que tu n’attrapera jamais. » Elle grognait, mécontente. Bien sûr, ses frères s’amusaient et ne pensaient pas à mal en la traitant de la sorte. Alors Lyanna ne disait rien. Elle ne se sentait pas blessée. Du moins, c’est ce qu’elle faisait croire. Le troisième frère, Naguini, ramena un oiseau. La proie était maigre mais existante. Il ne nargua pas sa sœur, préférant aller s’amuser avec ses frères qui jouaient à se battre. Alors Lyanna prit une grande inspiration et s’élança, pleine de bonne volonté, vers sa première chasse. Lyanna guetta six lapins, deux faisans, quatre oiseaux. Mais jamais elle n’attrapa une proie. Alors, pour ne pas se faire gronder par son père, elle passa la nuit loin de la meute. Au petit matin, elle revint. Sa mère, folle d’inquiétude, la gronda tout en la serrant fort contre son poitrail. Son père se contenta d’une léchouille sur le museau et ses frères lui demandèrent où elle avait dormit.
Lyanna grandissait. Au début de sa deuxième année, ses frères partirent pour une chasse commune et y convièrent leur jeune sœur qui accepta, quoiqu’un peu surprise de cette demande. En file indienne, les quatre frères et sœurs marchaient au bord d’une falaise. C’est là que la tempête éclata. Une tempête à coucher des arbres. Le rebord de la falaise se fissura, tombant dans l’eau. Yensid ne put pas faire un pas en avant et tomba dans l’eau glacée, agitée de remous inhabituels. Lucky jappa et se posta au bord de la falaise. «
Yen’ ! » «
Lucky recule, tu vas tomber ! », hurla Naguini en attrapant la queue de son aîné dans sa gueule pour le tirer vers lui. Lyanna assistait, impuissante à tout cela. Elle bougeait pas, ne disait rien, restait juste à l’abri dans un petit trou entre deux pierres. « Lache moi Naguini ! Yen’ ! » Lucky se dégagea de la prise du plus jeune et longea le bord de la falaise. Il eût droit au même sort que Yensid. Naguini, apeuré, se tourna vers Lyanna. «
I … ils sont … ? » risqua la petite noire. «
Il faut pas qu’on reste là Lyanna ! » une bourrasque de vent le fit se décaler d’un pas. Il lutta et s’avança vers sa petite sœur. Leurs museaux se touchèrent dans un geste d’affection. Lya dressa les oreilles et couina. Comme un petit louveteau. Parce qu’au fond, Lyanna n’était pas encore une louve. Et peut-être qu’elle ne le serait même jamais. Les deux loups s’éloignèrent. Mais Naguini glissa et tomba à son tour. Par chance, il réussit à se rattraper à une branche solide. Lyanna le regarda. Que faire ? Elle gémissait, couchée près du bord, regardant son frère. La branche lâchait de plus en plus. Et son père surgit. Par chance il sauva le jeune Naguini au prix de sa propre vie. Bon. Je crois que ce sera tout …