Une journée où le Soleil scintillait de bon cœur. C’était le printemps et l’Astre Doré fêtait son retour avec une lumière…éclatante. The Hunter aurait été un membre des Heavens, il aurait souri niaisement à ce spectacle dégoulinant de beauté. Mais voir cette Lumière le dégoûtait profondément, il préférait nettement le froid glaciale de l’hiver, avec son givre et sa poudreuse ses fidèles servants, qui instaurait le silence en période de Grand Froid. S’extirpant de la Tanière de la Meute, il prit la direction de son havre de paix. Au moins, il serait sûr qu’il y trouverait la paix, et aucun rayon. Un endroit où le silence était roi, un lieu où il n’entendrait aucun gloussement inutile. Entrouvrant légèrement la gueule pour s’imprégner des fumets des environs, le Bras Droit au regard anthracite pénétra dans la Forêt Noire. Ce fut comme si le noir l’engloutissait, et tandis que le canidé s’y enfonçait, il reniflait les différentes senteurs qui lui parvenaient : l’odeur des rares proies qui avaient eu l’audace de sortir, l’odeur de la mousse pourrissant aux pieds des racines, l’odeur humide des arbres, se débarrassant du peu de neige restant sur leurs bras tendus vers une voûte, que seuls eux pouvaient apercevoir.

Stoppant sa marche, le loup gris contempla un tronc de séquoia. Brun sombre, presque noir, l’écorce se détachant par endroits, quelques gouttes de sève s’échappant de quelques entailles profondes. Les bras tendus vers ce ciel qu’il n’attendrait jamais, souffrant silencieusement, tandis que la brise retranscrivait ses gémissements de douleur à travers son souffle cruel. Elle semblait s’en délecter, n’hésitant pas à se faufiler entre les branches du blessé, comme pour lui chuchotant quelques mots cruels, ou se moquer de sa douleur. Ce qui prouvait, que tout ce qui passait dans les Territoires des Nightmares, jusqu’aux éléments, se trouvait corrompu par cette noirceur et cette cruauté, tandis que les Ténèbres grandissaient, telles un rosier vénéneux plantant ses épines, et s’enracinant jusqu’au plus profond des êtres. Même l’Oasis Fleurie avait ses charmes trompeurs, qui donnait l’impression que la Lumière avait tout de même conquis leurs territoires, alors qu’elle n’en était que corrompue à cause des environs ténébreux. The Hunter esquissa un léger sourire, dévoilant quelque peu ses crocs d’ivoire, amusé par ses pensées noires. Il se remit en route, s’enfonçant d’autant plus entre les ronces et troncs serrés, évitant les plaques de mousses noirâtre, cachées çà et là.

Il grogna doucement lorsqu’une touffe de ses magnifiques poils se prit dans une ronce coriace, et comme pour lui répondre, un corbeau poussa un croassement au loin. Puis, un léger craquement se fit entendre non loin de lui. Aux aguets, The Hunter releva la truffe. Un intrus ? Sans aucun doute. Il humait l’odeur douce et lactée d’une femelle, mais elle n’avait pas ce fumet de sang et de poison qui composait l’effluve des Nightmares. S’extirpant difficilement des ronces, The Hunter avança prudemment en direction de l’odeur. La Solitaire l’avait senti, il le savait. A lui de jouer l’effet de la surprise. La prenant à revers du vent qui soufflait, il la vit là, telle une lumière céleste tranchant dans ce crépuscule ambiant. On aurait dit un ange affrontant les Enfers. Elle avait la truffe en l’air, sans doute pour savoir où se trouvait-il à présent. Il n’avait plus beaucoup de temps avant qu’elle comprenne qu’il l’avait pris à revers. Il s’avança derrière son dos, aussi silencieusement que la feuille qui chute sur le sol, et dès qu’elle fut à sa portée, il se jeta sur elle, l’écrasant de tout son poids. Le corps en dessus de lui chuta lourdement,  et il sentit distinctement un frisson traverser l’échine de la louve. Elle s’était crispée, bandant ses muscles comme si elle s’apprêtait à le catapulter. Il baissa légèrement la tête vers son oreille gauche, et son haleine chaude s’écrasa sur celle-ci, tandis qu’il soufflait doucement :

« On reste tranquille, petite solitaire. Ce serait tout de même dommage que j’éclabousse mon magnifique pelage de ton sang impur, n’est-ce pas ? Donc, tu vas répondre à ma question : Que fais-tu sur l’un des territoires des Nightmares, femelle au sang souillé ? »

HORS RP:

Prenant The Hunter au dépourvu, elle tourna sa tête sur le côté, de façon à le fixer dans le gris des iris. Le Bras Droit dissimula un sourire mesquin, et n’hésita pas également à la fixer de façon intense, presque indécente. Même si elle ne l’intéressait pas, il aimait avoir cette emprise troublante sur les femelles. C’était presque comme si il les possédait et qu’il les envoûtait, jusqu’à manipuler leurs esprits pour arriver à ses fins. Mais cette femelle ne pourrait rien lui apporter, pas même une distraction. Car ce n’était pas ce qu’il manquait ces derniers jours. Entre la mort d’Arga, ses secrets, chacune de ses favorites qui se crachaient sur la gueule dès qu’il n’était pas présent, ses « proies » qui lui réclamaient plus d’attention ces derniers temps, il ne savait où donner la tête. Ajouter à tout cela sa promotion au poste de Bras Droit et les nouvelles responsabilités qui allaient avec. Dire qu’à la base, il était simplement venu pour se détendre et contempler la souffrance silencieuse des arbres. Non, il fallait qu’il tombe sur une Solitaire qui prenait le territoire des Nightmare pour une vulgaire terre libre. Interrompant le cours de ses pensées, The Hunter orienta de nouveau son regard vers la femelle à fourrure de neige. Elle arborait un sourire moqueur, comme si elle pensait le taquiner ou l’ébranler de quelconque manière. Si The Hunter avait eu ces sortes de touffe de poils au-dessus des yeux comme les Bipèdes, il en aurait soulevé une, comme une sorte de point d’interrogation. Mais à la place, il se contenta de faire légèrement bouillonner ces iris, avec cette lueur que l’on pourrait assimiler à de l’étonnement, qui n’en était pas un du tout. Elle avait une lueur d’amusement dans les prunelles, comme si elle observait un quelconque louveteau jouant avec la mousse de la forêt. Ainsi donc, elle voulait jouer à cela ? Desserrant légèrement son emprise, il laissa la femelle l’éjecter doucement, avant de se redresser en s’ébrouant légèrement tandis que la solitaire en faisait de même.  Avant de formuler d’une voix teintée d’ironie non dissimulée :

« Honnêtement, je préfère avoir le pelage souillé de mon sang écarlate que de ce mélange salissant de terre et de feuilles. » En disant ces mots, elle me fixa de ses opales d’eau limpide. « Et puis, il risquerait d’y avoir aussi du votre. Est-ce utile pour vous de savoir que je viens ici simplement pour visiter ? Cela ne devrait pas changer votre vie. »

Prétentieuse, trop sûre d’elle, cette solitaire l’était assurément. Mais The Hunter n’avait que faire de ses paroles maladroites. Elle cherchait à le provoquer, il en était presque sûr, mais la raison demeurait obscure à ses yeux. De toute façon, le mâle n’avait que faire de tout cela, car du moment qu’elle s’en allait, tout était bon. Tandis qu’elle partait dans la direction opposée, vers la frontière des Hurricanes, lui se détourna vers la direction de la Grotte Infernale. Juste avant de se mettre en marche, il lui dit de son habituelle voix traînante, déteinte par une indifférence atteignant les niveaux célestes :

« Du moment que tu t’casses d’ici, je n’en ai rien à foutre. A plus. »

HORS RP: